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samedi 5 avril 2025

La pépite de la semaine

Et pour terminer, en beauté, ce samedi de partages, la pépite de la semaine : 



Cette célèbre citation de Carl Gustav Jung résonne particulièrement dans notre société contemporaine gouvernée par la vitesse. Alors que nous sommes constamment sollicités par l’information et les opinions d’autrui, prenons-nous vraiment le temps de réfléchir avant de porter un jugement ?

Le jugement, un raccourci mental confortable

« Je pense donc je suis » de Descartes devrait être notre devise, nos cerveaux préfèrent souvent emprunter des chemins plus faciles. Juger est rapide, instinctif et demande peu d’efforts cognitifs. C’est une solution de facilité face à la complexité du monde qui nous entoure.

Pourquoi est-il plus simple de critiquer ses proches, ses amis que de réfléchir aux causes profondes d’un comportement ? Tout simplement parce que la réflexion exige un effort intellectuel soutenu, une capacité d’analyse et une remise en question que notre cerveau, économe par nature, cherche à éviter.

Juger : un réflexe humain, mais risqué

Il est naturel de porter un jugement. Face à un comportement qui nous déplaît ou nous surprend, notre esprit cherche des explications. Le problème n’est pas tant le jugement en soi, mais sa rapidité, son manque de nuances, son absence de recul, surtout s’il est basé sur des fausses informations ou des allégations mensongères dont l’objectif est de nuire. Ces jugements deviennent alors des étiquettes injustes et parfois blessantes.

Comme le dit si bien Paulo Coelho :

« Nous ne pouvons jamais juger la vie d’autrui, car chacun sait sa propre douleur, son propre renoncement. C’est une chose de penser que l’on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul. »

Dans la famille : derrière l’incompréhension, une douleur silencieuse

Prenons un exemple courant : une sœur ou un frère qui s’isole des autres membres de famille. Certains penseront : « Ils nous tournent le dos ». Pourtant, en prenant un moment pour explorer ce qui, en nous, réagit ainsi — frustration, tristesse, sentiment d’abandon —, on réalise que notre jugement nous protège d’un malaise plus profond.

Et si cette personne traversait une période de fatigue extrême, une dépression silencieuse, ou avait simplement besoin de se recentrer ? En ralentissant notre pensée, en posant une question plutôt qu’un verdict, on ouvre un espace de compréhension.

Au travail : ce que le jugement cache souvent

Dans le milieu professionnel aussi, les exemples abondent. Un collègue refuse systématiquement les réunions tardives. Certains l’accuseront de manquer d’engagement. Mais que savons-nous réellement ? Peut-être doit-il récupérer ses enfants à l’école, prendre soin d’un proche ou tout simplement préserver son équilibre personnel. Derrière chaque attitude se cache une histoire que nous ignorons.

Ralentir notre pensée ici, c’est refuser la facilité. C’est accepter de ne pas tout savoir, de ne pas tout comprendre sur le moment, mais de faire le choix du respect et de la bienveillance.

Les racines psychologiques du jugement

Derrière cette tendance à juger se cachent souvent des mécanismes de défense profondément ancrés :

§  La projection, tout d’abord. Ce mécanisme psychologique nous pousse à attribuer aux autres nos propres failles et insécurités. Lorsque nous critiquons autrui, nous projetons inconsciemment nos peurs et nos défauts, détournant ainsi notre regard de nous-mêmes.

§  La peur d’être jugé constitue un autre moteur puissant. En s’attribuant l’autorité du juge, l’individu cherche à se sentir intouchables. C’est une forme de protection : si je juge les autres en premier, je me place en position de force et réduis le risque d’être moi-même la cible de critiques.

§  Un sentiment d’infériorité alimente également cette tendance. Paradoxalement, ceux qui jugent constamment les autres ne sont pas plus tendres avec eux-mêmes. Leur critique extérieure reflète souvent une dévalorisation intérieure, parfois héritée d’une enfance où ils ont été eux-mêmes jugés sévèrement.

La pensée critique, un exercice exigeant

Contrairement au jugement hâtif, la véritable pensée critique est une activité intellectuelle complexe. Elle est « autorégulée, autocorrective et issue d’une activité métacognitive ». Elle demande d’adopter une posture réflexive non seulement sur nos croyances, mais également sur nos propres mécanismes cognitifs.

Cette capacité à réfléchir en profondeur nous permet de corriger nos conceptions de façon régulière et de dépasser nos biais cognitifs dans notre quête d’une compréhension plus objective de la réalité. C’est un exercice difficile, mais infiniment plus enrichissant que le simple jugement.

Les conséquences du jugement systématique

Juger sans réfléchir a des répercussions importantes :

§  L’isolement relationnel : à force de « tirer sur tout ce qui bouge », on finit par s’isoler. Les relations authentiques se construisent sur la compréhension et l’empathie, non sur le jugement.

§  L’incompréhension d’autrui : « C’est difficile de comprendre les autres. Parce qu’on juge les actes des autres à l’échelle de notre propre niveau d’informations, de notre propre sens des valeurs, de nos propres sentiments ». Cette citation de Ryû Murakami souligne parfaitement comment le jugement nous empêche d’accéder à la réalité de l’autre.

§  L’appauvrissement intellectuel : en se contentant de juger, on se prive de la richesse qu’offre la réflexion approfondie et nuancée.

Cultiver la réflexion plutôt que le jugement

Et si réfléchir n’était pas si difficile après tout ? Et si nous manquions simplement « de connaissances et des bons outils » ? Voici quelques pistes pour développer notre capacité de réflexion :

§  Pratiquer l’empathie cognitive : essayer sincèrement de comprendre le point de vue de l’autre, sans chercher immédiatement à le qualifier ou à le juger.

§  Cultiver le doute constructif : accepter l’incertitude et la complexité plutôt que de chercher des réponses simples et définitives.

§  S’interroger sur nos jugements : lorsque nous nous surprenons à juger, prendre un moment pour explorer ce qui, en nous, réagit ainsi.

Ralentir notre pensée : prendre le temps de la réflexion avant de formuler une opinion.

Vers une société plus réfléchie

« Nous ne pouvons jamais juger la vie d’autrui, car chacun sait sa propre douleur, son propre renoncement. C’est une chose de penser que l’on est sur le bon chemin, une autre de croire que ce chemin est le seul« , nous rappelle Paulo Coelho.

Dans un monde où les jugements hâtifs prolifèrent, particulièrement sur les réseaux sociaux, cultiver notre capacité à réfléchir devient un acte presque révolutionnaire. C’est aussi une voie vers plus de tolérance et de compréhension mutuelle.

La prochaine fois que vous serez tenté de juger rapidement une situation ou une personne, souvenez-vous de cette citation de Jung. Prenez un instant pour réfléchir. C’est peut-être difficile, mais c’est certainement plus enrichissant que le simple jugement.

Car finalement, comme le suggère Shakespeare, « juger autrui, c’est se juger ». En développant notre capacité à réfléchir plutôt qu’à juger, c’est aussi notre relation à nous-mêmes que nous transformons.

Béchir Houman, Pépites


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