Carnet II, 26
"Seule direction de l'éducation : le style. Ce n'est point le bagage qui compte (instruction) mais l'instrument de préhension. Mon grand-père atteint par quelque deuil exprimait mieux les (conditions) de son chagrin, c'est-à-dire les vivait mieux. Ainsi dans la recherche scientifique : si je définis mieux ce qui échappe aux précisions, je les vois mieux. Voir et définir ne font qu'un. Donc enseigner à définir c'est enseigner à voir. Or définir l'objet c'est trouver le mot qui convient, et définir la relation c'est construire la phrase. Ces relations vont justement à l'acte créateur de l'homme...
On oublie aujourd'hui ce problème fondamental qui fait partie des problèmes moraux. Car le style, c'est l'âme. Et l'on ne crée cette âme qu'au titre où l'on se forge un style. (Le paysan a un style)
Aujourd'hui on instruit mais on n'éduque plus. Et l'homme qui ne sait même plus construire son chagrin devient une bouillie. (On pourrait dire aussi : "Prendre conscience c'est acquérir un style." "
Les mots entre parenthèses sont devinés donc moins sûrs car ces carnets étaient bien-sûr manuscrits et notre St Ex écrivait partout, parfois dans des positions peu confortables ou longtemps donc sa main fatiguait. Je l'imagine sans peine.
Merci pour ce qu'il nous transmet utile à toute époque pour mieux savoir quel cap tenir !
Je remercie également mon Petit Prince Pilote Peter Pan sans qui je n'aurais pas connu le monde des Hommes de l'Air.
Pour l'éducatrice que je fus, l'importance des mots et la place du "dire le plus justement possible" était capital.
Développer le bagage lexical et émotionnel, rompre les barrages qui se placent entre Grande Personne et Enfant, entre les Enfants eux-mêmes et aussi entre nous, tel fut mon cheminement et telle est ma mission actuelle. Je vous attends, quand vous serez prêts à mêler votre style au mien pour écrire le nôtre.
Frâme d'enfant charmée par le Petit Prince Pilote
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