Je remercie Julien Peron de partager l'énorme renouveau apporté par le philosophe Frédéric Lenoir.
Ce sera la contribution du jour !
Philosophie et élève ne font pas toujours bon ménage. Cette matière n’est pas la plus appréciée de nos jeunes. Pourtant elle est capitale pour développer l’esprit critique.
Philosophe, sociologue et écrivain, Frédéric Lenoir confonde en 2016 la Fondation SEVE (Savoir Être et Vivre Ensemble). L’objectif est aussi beau qu’ambitieux : aider les élèves à grandir en discernement et en humanité, par la pratique de l’attention et de la philosophie. Ainsi près de 7000 animateurs d’ateliers ont été formés en francophonie pour intervenir en classe. Cet éducateur innovant livre ses réflexions au sein du magazine Innovation en Éducation.
La philosophie est bien plus qu’une matière
Il est crucial de commencer la philosophie très tôt avec les enfants.
Pas la philosophie en tant que savoir, car il faut avoir une maîtrise du langage qui est conceptuel.
Par contre, philosopher, faire réfléchir, argumenter, débattre avec les autres, problématiser, cela va aider les enfants à se forger une pensée, un jugement et un esprit critique.
La philosophie n’est pas une matière dépassée, destinée à embêter les élèves avec des noms de vieux auteurs et de vieux concepts passéistes.
C’est un état d’esprit qui rend libre.
Les enfants et les jeunes sont confrontés aujourd’hui à une masse d’informations non hiérarchisées, des fake news, des rumeurs, des théories du complot.
Il n’a jamais été aussi urgent de former le jugement des enfants.
Les ateliers philo permettent d’apprendre à écouter les autres et à comprendre qu’ils peuvent aussi avoir des arguments légitimes et respectables.
Chacun peut réaliser qu’il est possible de convaincre les autres par la raison plutôt que par les coups de poings et la violence.
La méditation pour lutter contre les troubles de l’attention
Les ateliers philo sont une éducation au “vivre ensemble”, un laboratoire de citoyenneté puisqu’on y apprend à débattre et écouter.
Mais le problème est que souvent les enfants ont du mal à être attentifs pendant une heure, il leur faut beaucoup de temps pour être présents.
Pratiquant la méditation depuis 35 ans, Frédéric Lenoir leur propose des petites méditations toutes simples en début d’atelier pour les aider à se poser, à dénouer leur mental, à être présents.
Désormais les ateliers SÈVE sont conçus en binôme “méditation – atelier philo”.
On appelle cela la “pratique de l’attention” car le mot médiation peut susciter des malentendus dans l’Éducation nationale. Cette méthode a des résultats remarquables ! Les écoles qui ont mis en place ces types d’ateliers voient des changements féconds au sein de leurs classes.
Enseignants, parents d’élèves, élèves, tout le monde y gagne !
Comment parler philosophie avec les enfants et les ados ?
La méthode consiste à ne pas donner un cours de philo théorique : les animateurs ne sont pas philosophes.
Ce sont en revanche des personnes qui ont appris à faire circuler la parole de manière la plus objective possible. L’animateur a une posture neutre. Il fait circuler la parole en posant une question ou en demandant aux enfants quelle question ils veulent aborder. Ça tourne le plus souvent autour du bonheur, de la mort, de la violence, du sens de la vie,…
Il y a une quinzaine de questions très fortes que l’on peut enrichir en fonction de l’actualité. La question est lancée et chaque enfant prend la parole à tour de rôle et exprime sa pensée. Ce n’est pas si facile parce qu’au départ, les enfants demandent souvent “mais euh maîtresse, vous en pensez quoi ?”
Un changement de posture pour l’enseignant
L’animateur, ce n’est plus le “Sachant” qui transmet à ceux qui ne savent pas. Au contraire, il va dire à l’enfant “peu importe ce que moi je pense, ce qui m’importe c’est ce que tu penses toi”.
L’enfant est alors reconnu comme un interlocuteur valable. Ça change tout !
D’un coup il a un espace à l’école où on lui dit “ce que tu penses est important, pas seulement ce que tu apprends et que tu attends de répéter”. Beaucoup d’enfants ont gagné en confiance grâce aux ateliers philo alors qu’ils n’étaient pas forts dans les matières répétitives. Après, la parole circule et on apprend aux enfants à argumenter. C’est-à-dire “dis ce que tu penses, mais dis POURQUOI”. ».
Le processus de la philosophie, c’est l’interrogation qui conduit au raisonnement et à l’argumentation. Et ça, ils l’apprennent sans qu’on leur dise « tu dois apprendre ça ». C’est ça la clé, ça change tout ! Ce n’est pas un cours de morale ou de civisme. Ce sont des moments qui permettent aux enfants d’apprendre à se poser des questions, à exprimer leur pensée, à développer un esprit critique, à argumenter avec les autres. Mais on ne conclut jamais par “voilà ce qu’il faut penser, voilà ce qu’il ne faut pas penser”.
Connaissance de soi, esprit critique, gestion du temps et de l'argent, intelligence émotionnelle...c'est tout l'objet du prochain magazine Innovation en Éducation https://www.
Belle journée,
Julien Peron
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