Quand je te demande de m'écouter
et que tu commences à me donner des conseils,
tu n'as pas fait ce que je te demandais.
Quand je te demande de m'écouter
et que tu commences à me dire pourquoi
je ne devrais pas ressentir cela,
tu bafoues mes sentiments.
Quand je te demande de m'écouter
et que tu sens que tu dois faire quelque chose
pour résoudre mon problème,
tu m'as fait défaut, aussi étrange que cela puisse
paraître.
Ecoute, tout ce que je te demande, c'est que tu
m'écoutes.
Non que tu parles ou que tu fasse quelque chose.
Je te demande uniquement de m'écouter.
Tes conseils sont bon marché :
Pour six francs j'aurais le même journal,
les courriers du cœur et l'horoscope.
Je peux agir par moi-même, je ne suis pas incapable,
Peut-être un peu découragé ou impuissant, mais pas
impotent.
Quand tu fais quelque chose pour moi,
que je peux et ai besoin de faire moi-même,
tu contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation.
Mais quand tu acceptes comme un simple fait que je
ressens ce que je ressens, (peu importe la rationalité),
je peux arrêter de te convaincre et je peux essayer de
commencer à comprendre ce qu'il y a derrière ces sentiments irrationnels.
Lorsque c'est clair les réponses deviennent évidentes
et je n'ai pas besoin de conseils.
Les sentiments irrationnels deviennent intelligibles
quand nous comprenons ce qu'il y a derrière.
Peut-être est-ce pour cela que la prière marche parfois
pour quelques personnes,
Car les Dieux sont muets.
Ils ne donnent pas de conseils,
ils n'essayent pas d'arranger les choses,
ils écoutent simplement et te laissent résoudre ton
problème toi-même.
Alors, s'il te plait, écoute et entends-moi.
Et si tu veux parler, attends juste un instant,
et je t'écouterai...
Claire Lesot-Candela. Texte anonyme indien, publié dans
le journal Pôle de Rencontre N°87 de septembre 2015.
En lien, un autre article : Recette de conversation
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