Pourquoi certaines personnes ont plus peur de la mort que d’autres ?
La peur de la mort est l’une des
angoisses fondamentales de l’être humain, mais nous ne sommes pas tous égaux
face à elle. Tandis que certains l’acceptent avec une certaine sérénité,
d’autres la vivent avec angoisse. Pourquoi cette différence ? La psychologie
contemporaine met en lumière un facteur central : l’ego.
L’ego surdimensionné : un obstacle à l’acceptation de
la mort
Selon l’étude de
Pelin Kesebir (2014), publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, les personnes qui cultivent l’humilité et possèdent
un ego apaisé sont généralement moins tourmentées par l’idée de la mort. À
l’inverse, celles dont l’ego est exacerbé, qui se perçoivent comme
indispensables et supérieures aux autres, ont tendance à vivre la perspective
de leur propre disparition comme un drame inacceptable.
Pour ces individus, la mort ne se
limite pas à la fin d’un parcours biologique ; elle représente une atteinte
insupportable à leur statut, à leur image et à leur illusion de permanence.
Habitués à exercer contrôle et influence, ils peinent à concevoir que l’univers
puisse continuer à exister sans eux.
Ce phénomène est particulièrement
marqué chez les personnes qui ont bâti leur identité sur la reconnaissance
extérieure, le pouvoir ou la réussite matérielle. Leur existence repose sur une
affirmation constante de leur importance, ce qui rend l’idée de leur propre fin
profondément perturbante.
L’humilité, un rempart contre l’angoisse existentielle
À l’opposé, ceux qui adoptent une
posture plus humble face à la vie semblent mieux armés pour accepter leur
propre mortalité. Ils reconnaissent qu’ils ne sont qu’un maillon dans un cycle
bien plus vaste, où chaque existence suit son cours avant de s’éteindre.
Cette attitude apaise l’angoisse
existentielle en réduisant l’attachement excessif à l’individualité et à
l’illusion du contrôle absolu. Elle rejoint d’ailleurs de nombreuses
philosophies anciennes : dans le bouddhisme, l’ego est perçu comme une illusion
qui empêche l’acceptation de l’impermanence ; dans le stoïcisme, la mort est
une transition inévitable, et l’accepter fait partie de la sagesse.
Les personnes qui adoptent cette
perspective ne voient pas la mort comme une injustice personnelle, mais comme
un phénomène naturel, universel et inéluctable.
Les traitements médicaux prolongés : un supplice pour
l’ego
Un autre aspect mis en lumière par
la recherche concerne la réaction face aux traitements médicaux lourds qui
prolongent une existence déjà ruinée par la maladie. Les individus au
narcissisme exacerbé, ayant toujours cherché à se montrer forts et invincibles,
vivent particulièrement mal la dégradation physique et la perte d’autonomie.
Pour eux, voir leur corps décliner
et perdre le contrôle de leur image est une véritable torture psychologique,
au-delà même de la souffrance physique. Être dépendant, diminué, vulnérable,
est une atteinte insupportable à leur identité.
À l’inverse, les personnes plus
humbles, ayant moins basé leur valeur personnelle sur l’image de puissance ou
de domination, semblent mieux accepter les limites imposées par la vieillesse
et la maladie. Elles perçoivent ces étapes comme faisant partie du cycle
naturel de l’existence, et non comme une humiliation.
Vivre mieux pour mourir plus sereinement
Finalement, la peur de la mort
n’est pas qu’une question philosophique ou biologique ; elle est aussi
profondément liée à la manière dont nous nous percevons nous-mêmes et notre
place dans le monde.
Les individus qui cultivent
l’humilité et lâchent prise sur l’illusion de toute-puissance semblent mieux
préparés à accepter leur propre fin. À l’inverse, ceux qui passent leur vie à
vouloir prouver leur supériorité ou leur immortalité symbolique se heurtent
brutalement à l’inévitable.
Ainsi, apprendre à apaiser son ego
et à accepter l’impermanence n’est pas seulement un chemin vers une vie plus
équilibrée, c’est aussi un moyen d’aborder la mort avec plus de sérénité.
Béchir Houman, Pépites
Le lien vers d'autres pépites, l'empathie, réfléchir, conflits, manipulations, libre-arbitre, les silences,
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